Propos récents du Ministre des Affaires étrangères et européennes au sujet de la reconnaissance d’un état palestinien

Réponse QP

1. Juli 2024

Réponse à la question à Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et européennes concernant ses propos récents au sujet de la reconnaissance d’un état palestinien.

Il y a deux semaines, à la Chambre des Député.e.s, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et européennes s’est dit « le premier » à être favorable à la reconnaissance d’un état palestinien en principe (« (…) ech sinn den Éischten, deen et gäre mécht (…) », avant de préciser qu’il préférait attendre un consensus plus large en faveur d’une telle reconnaissance. Dans ce contexte, il a évoqué un groupe de 7 ou 8 états qu’il conviendrait de réunir, parmi lesquels il a cité plusieurs pays européens. Dans ce même débat, Monsieur le Ministre s’est rallié à l’argument selon lequel la misère de la population civile et le manque de perspectives pour une solution politique risquent de pousser les Palestinien.ne.s dans les bras des terroristes du Hamas.

Le 27 mai, interrogé par un média suite à la reconnaissance de l’État de Palestine par l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, Monsieur le Ministre a maintenu son avis qu’une reconnaissance par un nombre limité d’états relevait à ses yeux purement du symbolisme. Interrogé sur d’éventuelles conséquences sur la position luxembourgeoise, Monsieur le Ministre a simplement réitéré vouloir s’engager « personnellement » en faveur d’un « consensus plus large en faveur de la reconnaissance du principe d’une solution à deux états ».[1]

Dans un autre article de presse le même jour, Monsieur le Ministre a précisé qu’il faudrait attendre un mouvement de « 9 ou même 12 pays », parmi lesquels devraient par ailleurs figurer des pays d’Asie et en d’Amérique latine, afin d’assurer un véritable impact.

Enfin, interrogé une nouvelle fois sur une reconnaissance un jour plus tard, Monsieur le Ministre a annoncé à des journalistes que « nous allons le faire », tout en réitérant qu’il fallait attendre une concertation internationale plus large.

Dans ce contexte, il est utile de rappeler qu’en 2014, une majorité à la Chambre des Député-e-s a voté en faveur d’une motion en faveur d’une reconnaissance formelle de l’Etat de Palestine « au moment qui sera jugé le plus opportun ».

S’y ajoute l’injonction de la Cour de justice internationale de cesser toute intervention militaire à Rafah alors que la situation humanitaire y serait catastrophique. Il se pose dès lors la question des conséquences d’un non-respect par Israël des décisions de La Haye.

Au vu de ce qui précède, je me permets de poser les questions suivantes :

  • Pourquoi Monsieur le Ministre a-t-il dit à la Chambre des Député-e-s qu’il était « le premier » à vouloir reconnaitre l’État de Palestine considérant que le Luxembourg n’a toujours pas reconnu l’État de Palestine ?
  • Quelle est, selon Monsieur le Ministre, la différence entre une reconnaissance de l’État de Palestine et la « reconnaissance du principe d’une solution à deux états » telle qu’évoquée ci-haut ?
  • Selon Monsieur le Ministre, quel est le nombre d’états, respectivement quelles sont les conditions qu’un groupe d’états doit remplir afin de dépasser le qualificatif de « Symbolpolitik » ?
  • Pourquoi Monsieur le Ministre continue-t-il à modifier les critères selon lesquels il serait prêt à envisager une reconnaissance de l’État de Palestine ?
  • Monsieur le Ministre partage-t-il notre avis que des propos incohérents voire contradictoires concernant le sujet important qu’est la reconnaissance de l’État de Palestine risquent de nuire à la coordination efficace avec les pays partenaires du Luxembourg et avec les parties au conflit?
  • Concernant le non-respect par Israël de l’ordonnance de la Cour de justice internationale demandant de cesser toute intervention militaire à Rafah : pour quelles sanctions Monsieur le ministre va-t-il plaider au sein de l’UE contre Israël ? Est-ce que des conséquences nationales sont envisagées ?

Réponse

[1] Esou ee Schrëtt vun eenzele Länner wier Symbolpolitik a géif “guer näischt änneren”, sou de fréiere Lëtzebuerger Premier. Méi wichteg wier et, op méi ee breede Konsens en vue vum Unerkennung vun engem Zwee-Staate-Prinzip hin ze schaffen. Dofir géif hie sech perséinlech engagéieren. https://www.100komma7.lu/news/Xavier-Bettel-Israel-muss-Uerteel-vum-Internationale-Geriichtshaff-unerkennen?pd=radio

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