31. März 2014
Veuillez trouver en annexe une lettre du député Henri Kox (déi gréng) au Premier Ministre visant l’envoi à Bruxelles d’une mission diplomatique au sujet de la centrale nucléaire de Tihange. Cette initiative fait suite d’un côté à la réunion jointe du 24 mars de trois commissions parlementaires concernant la position de la nouvelle coalition gouvernementale face au nucléaire, et de l’autre côté à la prolongation de la durée de vie de certains réacteurs belges – notamment du réacteur le plus âgé de Tihange (1975) – ainsi qu’aux problèmes de sécurité récurrents de plusieurs réacteurs belges.
Monsieur le Premier Ministre,
Suite à la réunion jointe du 24 mars de trois commissions parlementaires concernant la position de la nouvelle coalition gouvernementale face au nucléaire et face à la prolongation de la durée de vie des réacteurs belges – notamment du réacteur le plus âgé de Tihange (1975) – de même qu’aux problèmes de sécurité récurrents de certains réacteurs belges, je me permets de vous inviter à rappeler la position luxembourgeoise aux autorités belges et à soutenir l’envoi d’une mission diplomatique à Bruxelles
A l’image de la délégation « Cattenom » de mars 2013, cette nouvelle délégation devrait également être coordonnée par le Ministère des Affaires étrangères et européennes et être composée des Ministres concerné-e-s, de représentants des partis politiques et de représentants de la société civile, respectivement du Comité national d’action contre le nucléaire. Comme à Paris, ceci permettra d’illustrer le large consensus luxembourgeois et à mieux faire comprendre les tenants et aboutissants de la position luxembourgeoise.
Permettez-moi de vous rappeler qu’en mai 2013, le gouvernement précédent avait accueillile Premier ministre Elio di Rupo et plusieurs ministres belges pour une visite de travail. Le gouvernement y signa entre autre un accord sur l’échange d’informations dans le domaine nucléaire et avait évoqué la fermeture de la centrale nucléaire de Tihange, située à environ 63km au nord-ouest du Luxembourg. Le réacteur Tihange 2 se trouvait alors à l’arrêt depuis presque un an après la découverte de plusieurs milliers de fissures dans l’acier de la cuve du réacteur.
Tandis qu’une majorité des experts consultés estimait qu’il s’agissait d’un défaut de construction passé inaperçu lors de tout contrôle depuis la mise en service en 1983, d’autres experts ne pouvaient pas exclure la possibilité que ces fissures se soient développées en cours de fonctionnement et poseraient donc un risque encore plus grave. Pourtant, et contrairement aux affirmations lors de la visite de travail au Luxembourg, le gouvernement di Rupo a autorisé le redémarrage de Tihange 2 à peine trois jours après son déplacement au Luxembourg !
Il s’avère aujourd’hui que le réacteur Tihange 2 près de Namur de même que Doel 3 près d’Anvers qui est également touché, sont à l’arrêt suite à des tests supplémentaires sur le métal de la cuve qui n’auraient pas donné les « résultats attendus ».
Tout aussi important, suite à une question parlementaire d’un député Ecolo, le Premier ministre Di Rupo a dû admettre il y a quelques jours, qu’il a signé début mars une convention confidentielle avec la société GDF-Suez portant sur la prolongation de la durée de vie du réacteur Tihange 1, réacteur dont la fermeture définitive serait maintenant repoussée de 2015 à 2025.
Pour mémoire, en 2003, sous le gouvernement « arc-en-ciel », la Belgique avait décidé de sortir du nucléaire et fixé la fermeture de ses réacteurs nucléaires entre 2015 et 2025, c’est-à-dire après 40 ans de production. Ainsi, les trois réacteurs belges les plus proches de notre frontière devaient être fermés au plus tard en 2015 (Tihange 1), en 2023 (Tihange2) et en 2025 (Tihange 3).
La production d’énergie reste certes une décision souveraine de chaque pays, mais cette souveraineté doit trouver des limites là où elle se heurte à la souveraineté des pays voisins. Vu qu’un accident grave à la Centrale nucléaire de Tihange aurait des conséquences désastreuses pour les habitants de la Grande-Région, le Luxembourg ne doit pas se limiter à un échange de lettres mais envoyer, comme pour Cattenom, une mission diplomatique et étudier par ailleurs les possibilités d’action juridiques.
En vous remerciant d’avance pour votre initiative, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
Henri KOX
Député